1984..... Novlange, déséducation, BIG BROTHER est là !
LA DICTATURE DU NEOCLASSICISME MIEUX ENCORE QUE LA DICTATURE COMMUNISTE ?
Quelques extraits du roman 1984, en ces heures de triste capitulation de l'information françoise, avec ceci de triste, par rapport à 1984, l'ouvrage prophétique de Georges ORWELL, que notre presse se saborde volontairement, sans même une dictature médiatique.... Où est le contre pouvoir ?
Déséducation, novlangue, appauvrissement, culture de l'immédiat et du futile remplacent la pression de l'oeil de Big Brother... Imbécilité, manipulations médiatiques... Tout est bien dans le "meilleur des mondes". Qu'est-ce qui change au fond ? La réalité de dictature ou l'apparence de liberté ? Dans le second cas, pour la population avilie, il n'y a aucune raison de se révolter après la disparition de la raison et de l'esprit critique...
JACQUES ROUX.
« - C'est une belle chose, la destruction des mots. Naturellement, c'est dans les verbes et les adjectifs qu'il y a le plus de déchets, mais il y a de centaines de noms dont on peut aussi se débarrasser. Pas seulement les synonymes, il y a aussi les antonymes. Après tout, quelle raison d'exister y a-t-il pour un mot qui n'est que le contraire d'un autre ? Les mots portent en eux-mêmes leur contraire. Prenez « bon » par exemple. Si vous avez un mot comme « bon » quelle nécessité y a-t-il a avoir un mot comme « mauvais » ? « Inbon » fera tout aussi bien, mieux même, parce qu'il est l'opposé exact de bon, ce que n'est pas l'autre mot. Et si l'on désire un mot plus fort que « bon », quel sens y a-t-il à avoir toute une chaîne de mots vagues et inutiles comme « excellent », « splendide » et tout le reste ? « Plusbon » englobe le sens de tous ces mots, et, si l'on veut un mot encore plus fort, il y a « double-plusbon ». Naturellement, nous employons déjà ces formes, mais dans la version définitive du novlangue, il n'y aura plus rien d'autre. En résumé, la notion complète du bon et du mauvais sera couverte par six mots seulement, en réalité un seul mort. Voyez-vous, Winston, l'originalité de cela ? Naturellement, ajouta-t-il après coup, l'idée vient de Big Brother. […] Vous ne saisissez pas la beauté qu'il y a dans la destruction des mots. Savez-vous que le novlangue est la seule langue dont le vocabulaire diminue chaque année ? »
Winston l'ignorait, naturellement. Il sourit avec sympathie, du moins il l'espérait, car il n'osait se risquer à parler.
Syme prit une autre bouchée de pain noir, la mâcha rapidement et continua :
- Ne voyez-vous pas que le véritable but du novlangue est de restreindre les limites de la pensée . A la fin, nous rendrons littéralement impossible le crime par la pensée car il n'y aura plus de mots pour l'exprimer. Tous les concepts nécessaires seront exprimés chacun exactement par un seul mot dont le sens sera rigoureusement délimité. Toutes les significations subsidiaires seront supprimées ou oubliées. […] Chaque année de moins en moins de mots, et le champ de la conscience de plus en plus restreint. […] Toutes la littérature du passé aura été détruite. Chaucer, Shakespeare, Milton, Byron n'existeront plus qu'en versions novlangue. Ils ne seront pas changés simplement en quelque chose de différent, ils seront changés en quelque chose qui sera le contraire de ce qu'ils étaient jusque-là. […]En fait, il n'y aura pas de pensée telle que nous la comprenons maintenant. Orthodoxie signifie non-pensant, qui n'a pas besoin de pensée. L'orthodoxie, c'est l'inconscience ».
George ORWELL, 1984, pages 78-80, 1950.
"Nous avons une grande nouvelle pour vous. Nous avons gagné la bataille de la production ! Les statistiques, maintenant complètes [...] montrent que le standard de vie s'est élevé de rien moins que vingt pour cent au-dessus du niveau de celui de l'année dernière. Il y a eu ce matin, dans tous l'Océania d'irrésistibles manifestations spontanées de travailleurs qui sont sortis des usines et des bureaux et ont défilé avec des bannières dans la rue. Ils criaient leur gratitude à Big Brother pour la vie nouvelle et heureuse que sa sage direction nous a procurée. »
[... Winston] avait pour l'instant fermé ses oreilles au bruit de la salle qui écoutait les balivernes qui ruisselaient du télécran. Il apparaissait qu'il y avait même eu des manifestations pour remercier Big Brother d'avoir augmenté jusqu'à vingt grammes par semaine la ration de chocolat.
Et ce n'est qu'hier, réfléchit-il, qu'on a annoncé que la ration allait être réduite à vingt grammes par semaine. Est-il possible que les gens avalent cela après 24 heures seulement ? Oui, ils l'avalaient. Parsons l'avalait facilement, avec une stupidité animale. La créature sans yeux de l'autre table l'avalait passionnément, fanatiquement, avec un furieux désir de traquer, de dénoncer et de vaporiser quiconque s'aviserait de suggérer que la ration était de trente grammes, il n'y avait de cela qu'une semaine. Syme aussi l'avalait cela, par des cheminements toutefois plus complexes qui impliquaient la double-pensée. Winston était-il donc le seul à posséder une mémoire ?
Les fabuleuses statistiques continuaient à couler du télécran. Comparativement à l'année précédente, il y avait plus de nourriture, plus de maisons, plus de meubles, plus de casseroles, plus de combustibles, plus de navires, plus d'hélicoptères, plus de livres, plus de bébés, plus de tout en dehors de la maladie, du crime et de la démence. D'année en année, de minute en minute, tout, les choses, les gens, tout s'élevait, dans un bourdonnement."
George ORWELL, 1984 pages 87-88, 1950
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