La réforme institutionnelle adoptée par le Congrès le 21 juillet a fait entrer dans l'article 75 de la Constitution l'appartenance des langues régionales "au patrimoine de la France", sans que le consensus règne sur les conséquences de ce changement.
Certains y voient d'abord "de la reconnaissance et de la considération", comme Jean-Yves Le Drian, président (PS) de la région Bretagne.
Marylise Lebranchu, députée (PS) du Finistère, parle d'"une forme de réparation, par rapport au combat mené contre les langues régionales sous la IIIe République".
"Les conséquences juridiques seront faibles, croit savoir Adrien Zeller, président (UMP) du conseil régional d'Alsace. Cela nous donnera un peu de souplesse pour l'organisation de l'enseignement de l'alsacien. Nous pouvons espérer aussi une plus grande présence de notre deuxième langue à la télévision publique régionale."
M. Zeller ne pense pas que la réforme permettra de ratifier la Charte européenne des langues régionales, adoptée par le Conseil de l'Europe en 1992. Celle-ci prévoit entre autres la possibilité pour les citoyens d'utiliser les langues minoritaires dans leurs rapports avec la justice ou l'administration.
Mais, pour le constitutionnaliste Guy Carcassonne, "c'est désormais techniquement possible, d'autant plus facilement que la Charte autorise une ratification à la carte, en choisissant seulement une partie de ses engagements".
Pour d'autres responsables politiques, la modification votée n'est qu'un début. Marc Le Fur, député (UMP) des Côtes-d'Armor, souhaite "une grande loi sur les langues régionales" qui ne pourra plus être censurée par le Conseil constitutionnel. Le parlementaire breton veut ouvrir plusieurs chantiers : le développement de l'enseignement des langues régionales dans le public, les écoles Diwan étant pour l'instant sous le régime du contrat d'association, comme les écoles confessionnelles ; la généralisation d'une signalétique en deux langues sur les routes nationales ; une présence accrue des langues régionales dans les programmes de télévision. Enfin, il voudrait qu'Internet puisse s'ouvrir à des suffixes régionaux comme. bzh à côté du. fr.
Le député (PS) de Guadeloupe Victorin Lurel suggère, lui, la création d'un conseil national des langues régionales rattaché au premier ministre. Il est favorable à ce que celles-ci soient utilisées dans les débats des assemblées territoriales. "C'est déjà le cas au conseil régional de Guadeloupe, note-il. Un élu ne s'exprime qu'en créole. On traduit en français pour le procès-verbal sans que cela pose problème."
En revanche, les indépendantistes polynésiens condamnent la réforme. Elle signifie selon eux que les langues polynésiennes deviennent "la propriété de la France". "Il s'agit d'une énième attitude colonialiste", dénoncent-ils.
Xavier Ternisien.
http://www.lemonde.fr/societe/article/2008/07/31/l-entree-des-langues-regionales-dans-la-constitution-suscite-des-espoirs_1079043_3224.html
Dans les années qui viennent, les Républicains devront combattre les régionalistes. Vive la République une et indivisible !