La République Une et Indivisible du Père Duchesne, Foutre !!!

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Le Coup d'Etat du Nainpérator et l'agonie de la République

L'AGONIE DE LA REPUBLIQUE

"Maintenant je vais vous parler de l'empereur Napoléon III. Soyez tranquille, je gazerai.
Présidence, dictature, empire, c'est toujours Louis Bonaparte. Pas de confiance réelle, pas de stabilité, pas de durée, pas de lendemain possible. Cela n'a pas la figure de ces établissements qui, même mauvais pour les idées, rassurent les intérêts. Tout le monde sent que c'est une aventure
". (Victor Hugo, Choses vues, 1854).
(1)

"L'homme une fois déshabillé du succès, le piédestal ôté, la poussière tombée, le clinquant et l'oripeau et le grand sabre détachés, le pauvre petit squelette mis à nu et grelottant, peut-on s'imaginer rien de plus chétif et de plus piteux? (V. Hugo, Napoléon-le-petit, Conclusion, I)"(1)

De l'agonie de la République et de la naissance d'un Empire.

I. "Il y aura dans l'histoire deux Napoléon : le Napoléon à la colonne et le Napoléon au poteau. L'Angleterre aura eu cette fortune d'être le bourreau du premier et l'amie intime du dernier. (Victor Hugo, Choses vues, 1854)"

Ceci est un texte purement historique ; toute ressemblance à des hommes politiques existants ou ayant existé serait purement fortuite.
Louis-Napoléon Bonaparte, né avec une cuillère en or dans la bouche, neveu d'un grand homme politique qui a émigré à Sainte-Hélène, semblait devenir pour la bourgeoisie bien-pensante l'homme de la situation pour remédier au péril rouge agité par les « démoc-soc » et les « partageux ». Lors des journées de Juin 1848 qui vit la répression d'une révolte ouvrière, une bourgeoise inquiète s'écria du haut d'une fenêtre : « Louis-Napoléon, on a assez de toute cette vermine. Faites quelque chose, je vous en prie ! ». Louis-Napoléon Bonaparte s'écria : « Madame, vous êtes exaspérée toute cette vermine. Et bien une fois au pouvoir, vous n'aurez plus rien à craindre. » Louis-Napoléon Bonaparte sillonna les rues de Paris en compagnie d'Emile Ollivier et de Haussmann. Il murmura à Haussmann : « Il faut nettoyer Paris de fond en comble pour expulser cette vermine. Pour mener à bien cette mission, il faut réaliser des travaux de grande envergure pour faire de Paris une ville magnifique et sûre. » Effectivement, la révolte ouvrière (Oh, pardon, le bouillonnement de la canaille !) a été noyée dans le sang.

Louis-Napoléon Bonaparte se présenta comme l'homme de la situation dans le sillage de la République de l'Ordre. L'exécutif est de plus en plus important avec un président élu pour quatre ans au suffrage universel qui nomme et révoque les ministres. En plus, le législatif ne contrôle pas l'exécutif.
Les élections présidentielles du 10 décembre 1848 virent le triomphe de Louis-Napoléon Bonaparte avec 74 % des voix contre 19 % de pour Cavaignac (républicain conservateur), 5 % pour Ledru-Rollin, 0,1 % pour Raspail et Lamartine. Comment Louis-Napoléon Bonaparte a-t-il gagné les élections présidentielles ?

Cavaignac promettait un rétablissement de l'ordre (« encadrement de la vermine par l'armée ») mais un ordre juste (des idées vagues que personne ne comprenait).
N'oublions pas que Louis-Napoléon Bonaparte s'était présenté comme l'homme de la situation au-dessus de toutes les idéologies. N'oublions pas qu'une bonne partie de l'opinion française est hostile à l'impôt des 45 centimes (levés par la République pour financer les Ateliers nationaux) et aux partageux. Selon beaucoup de Français, les partageux représentent une idéologie dépassée et abstraite (liberté, égalité, fraternité) issue d'une époque considérée comme révolue (« la Révolution française de 1789 : allons donc, cette génération s'éteint, c'était du temps de grand-papa. Les Français ont retrouvé la raison. ») et dangereuse (les 45 centimes vont mettre à terre notre économie). Louis-Napoléon Bonaparte déclara : « La France est à réformer de toute urgence et il faut en finir avec l'idéologie de 1789 et surtout celle des partageux »).


Une campagne de dénigrement systématique est organisée contre les partageux, malmenés tous les jours dans les journaux officiels (les autres ont été interdits).
Dès son serment sur la Constitution le 20 décembre 1848, Louis-Napoléon Bonaparte entend bien détourner cette dernière pour s'arroger la totalité du pouvoir. Le gouvernement a pour premier objectif d'affaiblir les républicains. En mars 1849, les chefs de file socialistes ( François Vincent Raspail, Auguste Blanqui, Armand Barbès, qui avaient le tort de penser qu'une autre France était possible) ont été arrêtés et condamnés à perpétuité pour avoir mené le soulèvement du 15 mai 1848.
Les élections du 13 mai 1849 confirment le retour du parti de l'Ordre qui regroupe en un front commun tous les adversaires des républicains, modérés ou non. Associés dans l'Union électorale, bonapartistes, catholiques, légitimistes et orléanistes arrachent le pouvoir aux hommes de 1848. Les royalistes (légitimistes et orléanistes) n'étaient plus diabolisés contrairement aux débuts de la IIème République et Louis-Napoléon Bonaparte souligne bien qu'ils partagent des valeurs communes avec les bonapartistes. Quant à l'idée de devenir empereur, il n'en était pas question pas même en se taillant la barbiche.

II. "Il a frappé d'ostracisme les idées, la raison, le progrès, la lumière ; et l'on pourrait dire que ce qu'il a exilé de France, c'est la France elle-même. Le jour où tout cela rentrera, nous rentrerons. Quant à la chose appelée amnistie par ces hommes, qu'il nous soit permis de passer sous silence cette effronterie" (Victor Hugo. Choses vues, 1859)


Le 15 mars 1850, Louis-Napoléon Bonaparte publia une Lettre ouverte à tous les instituteurs et professeurs les invitant à renoncer aux valeurs de la République et de 1789 mais surtout de renouer avec Dieu et rien d'autre. La loi Falloux plaça l'université sous le contrôle concordataire de l'Etat et de l'Eglise et donne droit à cette dernière de créer des « universités libres ». Louis-Napoléon Bonaparte était globalement pour l'école libre et entendait la défendre contre la rigidité républicaine et laïque des Lumières.
Sur le plan de l'enseignement, Louis-Napoléon Bonaparte encouragea la diffusion de l'ouvrage Le livre noir de la République, livre d'histoire sans concession sur les « atrocités commises par les jacobins de 1793 à 1795 partout ils se trouvaient ». L'auteur de ce livre, ancien jacobin repenti, considère les jacobins comme des buveurs de sang et souligne bien qu'il se méfier des régimes qui veulent le bien. Le mot républicain devenait imprononçable. Même les analphabètes avaient vent de ces idées nouvelles émises par Louis-Napoléon Bonaparte (régulièrement, on entendait « Avis à la population ! » Louis-Napoléon Bonaparte entendait liquider l'héritage de 1789.

Le débat politique n'oppose plus que les orléanistes partisans de l'Ordre et les thuriféraires de Louis-Napoléon Bonaparte. Les républicains partageux avaient disparu et les gens bien-pensants (grands-bourgeois, petit-bourgeois) n'en avaient que faire de ces ringards anachroniques.
L'étape suivante était le coup d'Etat. Il choisit mûrement la date : le 2 décembre 1851 en référence à la date du couronnement de son oncle en 1804 et de la victoire d'Austerlitz (1805). Louis-Napoléon Bonaparte cherche à capitaliser les sympathies à partir de la légende napoléonienne pour apparaître comme l'homme du recours, légitimé par ses racines et son vœu de rétablissement de l'ordre. Auprès des ouvriers, Louis-Napoléon Bonaparte leur rappela qu'il ne pouvait oublier « ceux qui se lèvent tôt ». Victor Hugo écrivit alors : « Comment est-il possible qu'on puisse miroiter au peuple qui souffre l'idée du suffrage universel et en même temps les traiter de vermine ? » Mais Louis-Napoléon Bonaparte considéra Victor Hugo comme un « mouton dans la baignoire » Ce dernier s'exila à Jersey.

"... Et de là je continuerai de jeter l'horreur de son nom et les foudres de son propre crime sur Napoléon-le-Petit, empereur des Français et des Anglais.
Quel dommage que je n'aie pas été exilé plus tôt ! j'aurais fait bien des choses pour lesquelles je sens que le temps va me manquer."
(V.Huo, Choses vues, 1855)


III.
"Je sais bien que telle industrie, telle banque et tel commerce ont voté pour Louis Bonaparte ; le faux poids a acclamé le faux serment". (Choses vues, 1854)

La stratégie napoléonienne se nourrit de deux mamelles : la démagogie et l'intimidation. Côté démagogie, il y fait imprimer des affiches annonçant la dissolution de l'Assemblée législative (déjà fantoche). Côté intimidation, il fait arrêter les éventuels opposants (Adolphe Thiers, Cavaignac, Changarnier).
L'épuisante séance nocturne des 2-3 décembre 1851 aboutit au vote de la déchéance de l'empereur à l'unanimité mais sacrilège, ils ont osé s'opposer à la majorité des Français. Louis-Napoléon Bonaparte s'en chargea immédiatement : l'armée mitraille les badauds soupçonnés de bienveillance envers les insurgés.
La Constitution promulguée le 14 janvier 1852 le fait « prince-président » élu pour dix, rééligible, disposant de toute l'autorité exécutive et d'un fort pouvoir législatif.
Durant cette période, Louis-Napoléon Bonaparte cherche en outre un biais pour relancer l'activité industrielle et financière. Il s'entoure de riches entrepreneurs et banquiers, valorise le goût du risque. Des hommes comme les Pereire, les Rothschild et les Schneider se lancent dans de grandes aventures qui permettent le redressement de la Bourse et la reprise du crédit à l'investissement. Louis-Napoléon Bonaparte est allé chercher la croissance.

La population, dont les manifestations d'opposition furent rares et surveillées jusqu'à la manie fut soumise à une propagande qui, outre les journaux impériaux publiés dans tous les départements, utilisait les placards, les brochures. On célébrait le retour à l'Ordre, la fin du règne des politiciens bavards imbus d'idéologie, on dénonçait les privilèges des intellectuels républicains et on valorisait le courage des grands industriels qui firent les réformes nécessaires pour moderniser la France, sous la houlette de l'empereur. Napoléon III entendait aussi faire rêver le peuple.

 

IV. "Silence, néant  ! ta queue de paon traîne sur de la boue."
"L. B. se vante, s'étale - son succès - la prospérité publique, l'escompte abaissé, le pape le bénissant, Victoria donnant le bras à son ambassadeur, les cerises à une guinée la livre, Walewski, Odessa, les alliances, ses flottes de la Baltique et de la mer Noire, ses [...] aux quatre vents, son empire, son triomphe, sa grandeur, etc., etc.(Enumérer et finir ainsi :)
- Silence, néant ! ta queue de paon traîne sur de la boue
. (Victor Hugo)"

Son mariage d'amour avec Eugénie de Montijo (29-30 janvier 1853) fit rêver des millions de Français (« tellement elle est belle parce qu'elle est princesse »). Le couple impérial voyagea partout. Les journaux impériaux n'avaient de parler des faits et gestes (publics) du couple.

L'Eglise fut choyée par l'Empire. Louis-Napoléon Bonaparte déclara qu'un instituteur ne pouvait remplacer un curé.
Envers les ouvriers, Louis-Napoléon Bonaparte supprima la maigre législation sociale à leur égard et modernisa en profondeur le marché du travail.
Le 29 septembre 1852, Louis-Napoléon Bonaparte prononça un discours-clé : « Aujourd'hui la France m'entoure de ses sympathies, parce que je ne suis pas de la famille des idéologues. Pour faire le bien du pays, il n'est pas besoin d'appliquer des nouveaux systèmes ; mais de donner, avant tout, confiance dans le présent, sécurité dans l'avenir. Voilà pourquoi la France semble vouloir revenir à l'Empire […]. L'Empire, c'est la paix […] car la France la désire, et lorsque la France est satisfaite, le monde est tranquille. Avec l'Empire, tout deviendra possible. » Le 20 novembre, le plébiscite proposant le retour à l'Empire donne 7,8 millions de « oui ». La IIème République mourut et naquit le Second Empire.
Voilà comment la République est-elle devenue le Second Empire avec une dénaturation de ses institutions puis ensuite une disparition pure et simple sous couvert de modernité. 

"Il a frappé de son stylet la République, mais la République est comme les déesses d'Homère, elle saigne et ne meurt pas." (Choses vues, 1854)


Sonthonax, représentation en mission séant en la capitale 2008-02-11 à 23:36:23

(1) http://membres.lycos.fr/jccau/ressourc/hugo/etud/hugon3lp.htm  pour les citations récupérées sur le site en question (J.Roux).



12/02/2008
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